Recueil d'une génération
LES NUAGES ONT DES OREILLES
A deux vieux potes dédié.
en-tête de lit se gondole
un nuage à l’air gamin au
pied du mur une cloche de
plumes mouette à tissus à
odeurs en fête ce soir il
pleut sur la couette mais
les cotons sont mangés de
la fenêtre et lune claire
ça rêve ces choses là fou
comme on peut changer les
moulures parfois dingue à
en siphonner une bière ça
c’est sûr il faut bien la
mousse que ça aille à son
son terme comme les trams
ça bouge pas des rails ça
crie pas des masses et ça
détourne pourtant ecstasy
non linéaire ça rêve nuit
juste un vélo à pédales à
poudre d’escampette ou de
perlimpinpin juste un peu
sous les portes aux trous
d’air et dans la lasure à
lumière juste bicyclettes
bombes de talc cogitées à
demi-arches voûtées pneus
multidimensionnels à bloc
parasite enlacé sur bulle
de bande dessinée insecte
volatil en fait moustique
pendu à la rêverie rideau
de crâne où son adhérente
pompe suce jusque sangsue
dessous la peau orpheline
oh moutons passant dessus
mousson tombée du plafond
oh dieu des lucioles mues
voici en tableaux noirs à
broyer la pâture montagne
de cauchemars aussi venus
il était nu une foi larve
dans son corps enchevêtré
dans le lin cocon de vide
dans le lit soyeux suaire
il était de papier-filtre
de chanvre collé à dos de
murs papillon de chambres
aux bords d’yeux l’infant
y ajoutait au ciel bleu à
gris des coutures sur ton
blanc de blanc et sororal
aux rebords à pupilles il
s’imaginait son dit et lu
à l’oreille nuageuse il y
croissait de murmures tus
mais le manège la machine
à rêves est ouverte comme
mangue mûre comme une fin
de règne mais mais triste
l’écoute métisse morte au
barreau morte mare eau du
lent eau stagnante eau de
merle méchant mais mais à
force de crier la machine
flan renversé chant cassé
ça repart en quarante les
violons la dolce vita bon
pas comme en tenue d’ados
en scoots mais quand même
ça remet ça à fond ballon
de gaz chaudière onirique
une nacelle de paille des
jaunes partout et voilà à
coups de flammes pinceaux
le décor de feu à nouveau
alors toiles à l’orée des
portes celle du dedans et
du dehors où arachnéen le
beau est la toise on sent
la teille agripper le fil
conducteur de trams verts
ou rouges scoots insectes
mécaniques à la portée de
l’œil enrêné de soie miel
il paraît ce quai de gare
rouille de nuit il paraît
angoisse esseulée qu’être
là dans le noir c’est bon
et les vers font la queue
à ton cœur c’est l’éclair
ça c’est le froid sur les
câbles le courant passe à
la vitesse d’un train mou
car c’est le soir endormi
en chute les souvenirs au
pied du lit auprès du mur
piano adossé la lune mène
le rideau le silence mêle
de bruits danse acouphène
au milieu vapeur douche à
souris une mappemonde rit
et voilà les mètres carré
le globe maintenant piano
à grand gabarit heurts de
sommeil littoral overdose
elle défaille soupire nue
cette lumière de trottoir
qui mitraille blafarde le
pan de flûte elle aime le
jazz la blues attitude la
poésie de rue le cadre bu
dans la torpeur en vrille
le front s’écarte mixture
analgésique heure du trip
enfant sniffeur de colles
sous le matelas une boîte
à chaussures à photos ail
de vampires sous le corps
allumette droits ressorts
en torsadés ce sont comme
des livres fantômes pomme
interdite aux regards sur
son secret air un corps a
bleui de rouge les lampes
c’est l’orage qui s’image
pénétrant ce lapis-lazuli
graine de beauté ruban de
glue de cerveau origami à
la vie à la mort la chair
tombante en découpes joli
petit univers japonais où
gros yeux broient du noir
trucidant katana samouraï
le soleil levant l’orange
sur amas de posters idées
vagues de rouleaux surfés
en pantalon nirvana comme
une cloche hagarde en rue
rêve naseau canal à vache
où coule le lait poudre à
canon des désœuvrés marge
à la ligne de cocaïne les
mondes meilleurs le cul à
terre l’homme d’argile se
rose la vie en loques vue
en pantalon nirvana belle
ô vie d’art sistre grunge
adipeux à la colonne dure
temple de muscles oisives
jouissances ô vie de chat
huant ce n’est pâle envie
que ce désir en l’air sec
ciel écartelé d’une tétée
de muse ô les rocs grives
c’est la vie oui-oui tout
un monde oui-oui et quand
c’est non alors en branle
se met la chorale fanfare
ah ah ah dans quatre murs
mon dieu lequel c’est que
la vie est belle sans toi
à la ligne alone plinte à
bières ça rêve sec le sky
ah les copains les bars à
quémande d’amour ah perte
de soi de filles en brève
aiguille la chair horizon
point à la ligne la douce
les nuits à cet âge glace
ont des griffes accrocs à
une batte vermeille clous
simples qui pendent riens
et bazars histoire d’être
quelque part faut bien en
prendre des trucs oups en
pendre des trucs sinon ça
finira mal les nuits ères
glaciaires sorbet cerveau
peau de lait peau mélisse
karma corbeille de fruits
le monde lit rivière crue
un âne humain allongé sur
le dos dominos d’idées au
soleil noir parfait peaux
de serpents dévêtus chaud
miroir en failles réseaux
tubulaires la jeunesse en
miettes sans gêne balance
sans équivoque funambules
avertis que la route lave
mord sein noir craquelant
une génération haricot au
lendemain d’un pantalon à
déchirures parure plumeau
génération qui époussette
ou landau ouvert d’absolu
on parle de grunges ouais
blabla à Babylone car les
vers de terre ne sont que
du rien du tout et on dit
que les merles bouffent à
déterrer un mort ces vers
visqueux d’un clan gluant
il faut dire en somme que
l’émerveillement passe au
trappeur à vent au moulin
à palmes il faut l’avouer
en l’état de mort avancée
que le sucré n’a plus des
goûts aussi variés saline
cette villa de confitures
et rues des rues sales et
la tête traînée par terre
au sol qui blesse arrache
et trottoirs vils ville à
vide le désert se rue sur
ce petit nuage clair ados
dépecés démembrés où sens
contraire inversé nés aux
abords la vie chienne des
néo poètes chiens verveux
ils ne viennent pas à toi
nient refusent résistants
on entend dire ça passera
mais ils n’entendent plus
n’entendent plus rien que
le mec qui en a rien rien
à foutre des saloperies à
foutre des conneries miel
cirage de pompes organisé
ils ne viennent pas à toi
s’en battent défoncés les
systèmes les murs démolis
on entend dire ça passera
mais ils sont là ici nous
sommes génération nirvana
le cri le feu les cons au
secours décombres et suie
à la cheminée du réel des
obsessions immorales nous
clochards vagabonds riens
minuscules irréels raison
gardée à la fosse à chaux
nous authentiques humains
nous la bouffée d’air des
toits noirs de leur suite
depuis que le monde globe
est monde ou monstre loup
garou depuis ces temps-ci
une moue de cire colle le
visage des anges atome de
nuages à oreilles pendues
mais les anges se pendent
parfois aussi ici-bas mur
du cœur embrasé de pleurs